Les images doivent se faire d’un seul jet, elles sont le fruit d’une impulsion, d’une émotion. Un geste immuable et spontané.

Elles sont comme une promenade dans un univers poétique qui garde en mémoire des traces, un chemin où se mêlent des histoires vécues ou inventées.

J’aime travailler l’image comme un passage entre le rêve et la réalité.

J’ai l’impression d’exister seulement quand je me retrouve dans cet entre-deux, comme si cela remplissait mon absence. La photographie argentique me permet de retranscrire cela par sa matière, réelle, tangible, mais aussi d’une certaine manière, lointaine.

Le moment de la prise de vue est quelque chose d’impalpable. L’image s’imprime sur la pellicule. Est ce qu’elle va rendre l’émotion que j’avais à ce moment là ?

Je ne sais pas. J’aime y croire sans avoir une réponse immédiate.

Ruminer une image, la repenser, ré-inventer l’instant jusqu’à presque l’oublier.

Et la redécouvrir, là, sur sa pellicule. Parfois triturer l’image avant même qu’elle ne se révèle, au risque de la perdre.

Toute cette matière est parfois accompagnée de textes et de dessins : prendre un temps pour écrire, décrire, retranscrire ce que peut être cet entre-deux qui me fascine.

Pour en ressortir ce qu’il y a de plus vivant et de plus instinctif, de plus juste, ce qui tend le plus vers cette envie de ne pas trop me réveiller.

Estelle Ribeyre - estelleribeyre@gmail.com